William Bon Mardion :
Confidences
William Bon Mardion est un de ces athlètes discrets et passionnés. Skieur de haut niveau, employé et père de famille, il est devenu un acrobate du temps, jonglant avec les heures et comptant chaque minute pour assouvir sa passion, s’épanouir professionnellement et combler ses proches de sa présence.
Sacré champion du monde à deux reprises et sur les courses les plus prestigieuse des mondiaux de Pelvoux, début février, William nous a prouvé que son organisation fonctionnait, et que son investissement portait ses fruits.
Rencontre avec un sportif émérite...
Revenons un peu sur ces championnats du monde de ski-alpinisme ; combien de médaille au total décroches tu?
Je décroche quatre médailles: deux en or (équipe et individuelle), une en argent (combiné) et une en bronze (relais). Pour moi, mes objectifs sont complètement atteints puisque que gagne les deux courses les plus importantes, à mes yeux, de ces mondiaux. Les deux autres médailles sont comme des cerises sur le gâteau.
Laquelle de tes médailles a le plus de valeur à tes yeux ?
La plus belle pour moi, celle qui a le plus de valeur, c’est bien sûr celle de la course individuelle,car elle détermine à mon sens "LE meilleur skieur du monde". Mais j’affectionne également celle de l’épreuve par équipe. Elle est importante à mes yeux car elle représente vraiment les valeurs du ski-alpinisme : l'entre-aide, la solidarité, … Il y a beaucoup de partages et d'émotions dans cette course!!
Quelle course a été la plus belle pour toi, sur ces championnats du Monde ?
Celle où je me suis fait le plus plaisir, c’est celle de l'équipe, avec son parcours extraordinaire : de vrais passages à pieds et des parties techniques comme je les aime... et l’esprit d'équipe qui nous a porté avec Mathéo vers la victoire.
Justement, comment s'est passé l'aventure avec ce nouveau co-équipier ?
Avec Mathéo nous avions déjà couru une course en équipe début février, sur la course de L'Altitoy. Tout c’était vraiment bien passé. On s’entend bien et c'est super de pouvoir partager ces épreuves avec lui, car nous avons le même niveau et la même approche du sport. Prochainement, nous allons courir la Grande Course ensemble.
Quand as-tu réalisé que tu allais remporter l'individuelle?
L’individuelle, c’était vraiment mon objectif principal. J'étais très concentré et ce n’est qu’au pied de la troisième montée que j’ai réalisé que j’étais bien parti pour gagner, mais il est toujours très difficile de dire ça avant l'arrivée : dans notre sport, tout peut arriver, à n'importe quel moment!
Qu’as-tu ressenti en franchissant la ligne d’arrivée ?
Beaucoup d'émotions, évidemment ! Ce titre est une énorme et une merveilleuse récompense pour toutes les concessions que je fais au quotidien, dans ma vie personnelle .
Peux-tu nous décrire ton plus beau souvenir sur cette compétition ?
C’est justement lors de ma victoire sur l'épreuve individuelle, quand j'ai pu retrouver ma copine et mon fils, quelques minutes après avoir passé la ligne d'arrivée. Nous avons partagé un magnifique moment d’émotions. Avec leur soutien quotidien, ils font vraiment partie de ma réussite!
As-tu été, à certain moment, traversé par le doute ?
En amont de la compétition… un peu : j'ai été malade vers le 20 janvier et je suis resté sans jus pendant 10 jours. Je pensais pas retrouver la grande forme pour les championnats. Il a fallut être patient et continuer l'entrainement « sans trop en faire ». La course par équipe étant la première sur ces championnats, je ne savais pas trop comment je me réagirais. Finalement, ça s’est plutôt bien passé ?
Aujourd’hui, comment te sens tu ?
Les championnats ont été épuisants, mais plus par leur longueur que par les courses en elles-mêmes. Mais quand on est champion du monde on se sent bien.
Tu es père de famille, employé et athlète, comment se passe une journée standard pour toi?
Les jours où je travaille, je me lève à 4h et je rentre vers 12h40, ensuite je vais m'entrainer à 15h30 et il ne faut pas trainer car je dois récupérer mon enfant avant 18h à la crèche… Puis je m'occupe de lui jusqu'au soir car sa maman rentre du travail vers 20h et je me couche vers 22h30. Les jours où je ne travaille pas sont plus cools : je me réveille vers 7h30 et je m'entraine vers 10h.
Quelles difficultés rencontres tu pour t'entrainer?
Le timing, principalement : L'organisation est très serrée entre boulot, entrainement et vie de famille. Il me faudrait juste plus de temps ... ou ne pas travailler.
Que te manque-t-il pour aller plus loin dans la performance?
Pour l’instant, je m'en sors pas trop mal, mais c'est sur que les choses ne sont pas aussi simples que pour une grande partie des autres coureurs. Je suis un des seuls dans le top 10 de la coupe du monde (avec Pietro Lanfranchi ) à avoir un travail et un enfant (bientôt 2!). Mon emploi du temps est plein à craqué, tout est chronométré. Dans l’idéal, il me faudrait plus temps pour m'entrainer, me perfectionner et … me reposer !
Et pour la suite ? Quels sont tes projets pour la fin de la saison, et pour les années à venir ?
Il y a encore trois étapes de coupe du monde,et les courses d’équipe : la Pierra Menta, Ladamello et la Mezzalama pour cette saison. L'année prochaine il y aura la suite de la Grande Course (qui se court sur deux ans) et pour les années à venir, je garde les mêmes ambitions : faire de belles courses et me faire plaisir.
Propos recueillis par Auriana Beauté.